Les éditions Points d’Æncrage
Siège social
Musée de la Vallée de la Creuse
2 rue de la Gare
36270 Éguzon

exode.jpgLa guerre de 1939-1940 fut certainement pour la France l’un des moments les plus tragiques de son histoire, provoquant des migrations d’une ampleur inconnue jusque-là ; saura-t-on jamais du reste le nombre exact des réfugiés errant sur les routes de France, huit millions, dix millions (1) ?
Une fois l’armistice signé, on pouvait penser que le reflux des réfugiés allait s’opérer et que la plupart d’entre eux seraient en mesure de pouvoir rejoindre leur lieu d’origine.
Même si un accord rapide pouvait être obtenu de la part des Allemands, il n’était pas pensable que l’on puisse évacuer des dizaines de milliers de personnes en quelques jours, pour des raisons de simple logistique, sans parler de l’état des communications, d’autant que les Allemands avaient priorité pour le transport de leurs troupes qui devaient elles aussi refluer au-delà de la ligne de démarcation. Enfin, en supposant que tout fonctionnât sans anicroches, il restait le fait que le passage de cette nouvelle frontière et les contraintes y afférentes ne pouvaient que ralentir l’écoulement du retour des réfugiés.
Le département de l’Indre étant devenu en raison des événements un département frontalier, il est facile de comprendre que, par simple effet mécanique, cet espace allait être le lieu d’une concentration importante de réfugiés. En d’autres termes, le flux allait devenir stock, avec toutes les difficultés inhérentes à cette situation. Effectivement, tant qu’il s’agissait d’un flux, les problèmes d’intendance et d’hébergement se posaient certes, mais avec une moindre acuité par rapport à ceux posés par une surpopulation stationnaire de plusieurs dizaines de milliers de personnes ; d’autant que le plan d’évacuation de 1939 avait déjà pourvu le département de l’Indre de son lot de réfugiés. 
Les possibilités et les capacités d’accueil de l’Indre n’étant pas extensibles indéfiniment, comment faire face ? Quelles furent les conditions de vie de ces milliers de personnes prises dans la nasse ?
Mais d’abord combien de réfugiés avions-nous précisément dans le département de l’Indre ? En fait nombreuses sont les sources  (2), mais difficile de fournir des chiffres très précis. Pourtant, de juin à juillet, on peut penser que le département de l’Indre eut à s’occuper de 350 000 personnes environ, peut-être même de 500 000. C’est en effet considérable !