Souffrance et détresse des réfugiés dans le département de l’Indre (1939-1940), Alain Giévis, juillet 2010
Par AG le mardi 21 juin 2011, 07:38 - Nous avons lu - Lien permanent
Les éditions Points d’Æncrage
Siège social
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2 rue de la Gare
36270 Éguzon
La
guerre de 1939-1940 fut certainement pour la France l’un des moments
les plus tragiques de son histoire, provoquant des migrations d’une
ampleur inconnue jusque-là ; saura-t-on jamais du reste le nombre exact
des réfugiés errant sur les routes de France, huit millions, dix
millions (1) ?
Une fois l’armistice signé, on pouvait penser que le
reflux des réfugiés allait s’opérer et que la plupart d’entre eux
seraient en mesure de pouvoir rejoindre leur lieu d’origine.
Même si
un accord rapide pouvait être obtenu de la part des Allemands, il
n’était pas pensable que l’on puisse évacuer des dizaines de milliers
de personnes en quelques jours, pour des raisons de simple logistique,
sans parler de l’état des communications, d’autant que les Allemands
avaient priorité pour le transport de leurs troupes qui devaient elles
aussi refluer au-delà de la ligne de démarcation. Enfin, en supposant
que tout fonctionnât sans anicroches, il restait le fait que le passage
de cette nouvelle frontière et les contraintes y afférentes ne
pouvaient que ralentir l’écoulement du retour des réfugiés.
Le
département de l’Indre étant devenu en raison des événements un
département frontalier, il est facile de comprendre que, par simple
effet mécanique, cet espace allait être le lieu d’une concentration
importante de réfugiés. En d’autres termes, le flux allait devenir
stock, avec toutes les difficultés inhérentes à cette situation.
Effectivement, tant qu’il s’agissait d’un flux, les problèmes
d’intendance et d’hébergement se posaient certes, mais avec une moindre
acuité par rapport à ceux posés par une surpopulation stationnaire de
plusieurs dizaines de milliers de personnes ; d’autant que le plan
d’évacuation de 1939 avait déjà pourvu le département de l’Indre de son
lot de réfugiés.
Les possibilités et les capacités d’accueil
de l’Indre n’étant pas extensibles indéfiniment, comment faire face ?
Quelles furent les conditions de vie de ces milliers de personnes
prises dans la nasse ?
Mais d’abord combien de réfugiés
avions-nous précisément dans le département de l’Indre ? En fait
nombreuses sont les sources (2), mais difficile de fournir des
chiffres très précis. Pourtant, de juin à juillet, on peut penser que
le département de l’Indre eut à s’occuper de 350 000 personnes
environ, peut-être même de 500 000. C’est en effet considérable !