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Plus de soixante-dix ans après la bataille de France de mai-juin 1940, les historiens tentent toujours de comprendre comment l’armée française fut défaite en six semaines, comment un tel effondrement fut possible. Comment expliquer cette « étrange défaite » pour reprendre l’expression de Marc Bloch ?
Claude Quétel, historien, directeur de recherche honoraire au CNRS et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen, commence son enquête à partir du Traité de Versailles, pour nous livrer une démonstration implacable comme quoi il n’était écrit nulle part que la France dût subir une effroyable débâcle au printemps 1940.
Ainsi, pour Claude Quétel, il ne s’agit pas d’une « étrange défaite », mais d’une « impardonnable défaite ».
Alors ce livre est-il un essai polémique et non un livre d’histoire ? Pas du tout, mais Claude Quétel prend parti, et d’ailleurs pourquoi l’historien ne devrait-il pas prendre parti ?
Les analyses percutantes de Claude Quétel visent les hommes politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, les différents gouvernements, les chefs militaires, les syndicalistes, les intellectuels : c’est une remarquable synthèse des années 1920 et 1930.
Peut-être pourrions-nous reprocher à Claude Quétel ne pas avoir su rigoureusement mesurer les retombées psychologiques de l’hécatombe engendrée par la Grande Guerre ; évoquer le pacifisme et le défaitisme est une chose, mais un peuple exsangue avait-il réellement les ressorts moraux pour vingt ans plus tard remonter au front ? Claude Quétel, néanmoins, rend hommage à la bravoure des soldats qui se sont battus farouchement en 1940, en dépit des errements de leurs chefs ; n’oublions pas que près de 100 000 hommes sont morts au combat.
En tous les cas, c’est un livre qu’il faut lire, un livre passionnant dans le sens où il inspire de la passion, car toutes les questions soulevées dans l’ouvrage de Claude Quétel sont toujours d’une brûlante actualité.