Jean-Marc Valentin, René
Viviani 1863-1925. Un orateur, du silence à l'oubli,
Presses Universitaires de Limoges, Limoges, 2014.
« René VIVIANI » de Jean-Marc VALENTIN est un livre paru à la fin de
2013 aux PULIM (Presses universitaires de Limoges). Cet ouvrage sur le
président du Conseil (chef du Gouvernement) en 1914 et 1915 tombe à
point, alors que le centenaire de la Grande-Guerre a débuté. Il compile
la plupart des données qui circulent sur un personnage fascinant, né en
Algérie, grand avocat, immense orateur, défenseur des opprimés,
journaliste, historien de la Restauration. D’abord député de la Seine,
il est élu en 1910, et pour 15 ans, représentant de la Creuse à la
Chambre, et au Sénat en 1922, trois ans avant sa mort. Il est
conseiller général de PONTARION en 1912 et, dès 1917, chargé des
grandes missions de la diplomatie internationale. L’homme est un
parlementaire exceptionnel, le cœur généreux et au cœur de la
République.
Sous la Troisième République, l’Assemblée nationale est la réunion à
VERSAILLES de la Chambre des députés et du Sénat, essentiellement pour
l’élection du Président de la République. Une trentaine de fois
l’auteur use de « Assemblée nationale » au lieu de « Chambre des
députés ». C’est lourdement rédhibitoire.
S’agissant de la séance de la Chambre du 31 janvier 1919 évoquée pour
l’affaire du retrait des troupes de 10 kilomètres l’été 1914, l’auteur
omet de préciser que le discours de VIVIANI a été salué par la décision
de l’imprimer et de l’afficher. En effet, seuls les mauvais esprits ont
discuté ce retrait des troupes qui était plutôt une décision de génie.
De plus, l’ouvrage ne dit pas un mot sur la séance du 5 juillet 1922,
où POINCARE est très vivement attaqué par CACHIN et VAILLANT-COUTURIER
au sujet de la responsabilité de la guerre. POINCARE et
VIVIANI font chacun une réponse puissante : l’intervention poignante de
VIVIANI est décrétée d’impression et d’affichage dans toutes les
communes de France (ce qui d’ailleurs a provoqué la rage des
anarchistes-pacifistes et de l’extrême gauche). Oublié.
Il n’est dit mot de l’allocution de VIVIANI prononcée à l’ouverture de
la séance du Conseil général de la Creuse du 12 avril 1915, d’ailleurs
publiée en entier au JO lois et décrets du 15. Etc.
Par contre, il y a toutes les choses viles et blessantes, sans
exception, et que l’auteur aurait pu mettre de côté, où enrober avec
diplomatie, et, surtout, analyser en fonction de l’auteur et du
contexte précis. En fait, cela aurait mérité une partie sur la haine
que VIVIANI a suscitée… et sur le dénigrement qu’il suscite
parfois encore.
L’auteur serait président de
l’association généalogique de VANVES. Ce n’est pas un obstacle à de la
qualité. Les grands généalogistes sont de vrais historiens.
Mais comment les PULIM ont-elles pu publier cela sans, d’évidence,
avoir lu en détails ? Elles ont donné une caution universitaire. Il n’y
a pas de courage à avoir publié, mais un peu de légèreté.
VIVIANI est recouvert de boue, via par exemple la reprise de jugements
postérieurs à sa mort (Georges SUAREZ et le comte de SAINT-AULAIRE : un
pacifiste germanophile fusillé en 1944 et une caricature de la caste du
Quai d’Orsay).
A deux reprises SAINT-AULAIRE parle de la « répulsion physique »
suscitée par VIVIANI chez les Américains en 1917 et en 1921…
En fait, SAINT-AULAIRE parle pour lui et son milieu. Mais M. VALENTIN
publie cela avec ce qui ressemble à une sorte de délectation sauvage,
très dans l’air du temps, celui du « vandalisme ». Le mot vient de
l’abbé Grégoire.
Et la conclusion de l’ouvrage : « Mais l’homme politique ne fut jamais
un homme d’Etat »…..Seulement un beau parleur. En fait : un «
vrai médiocre », un « érotomane », un faible qui en 1914 tremblait
devant POINCARE, le vrai « homme d’Etat ». C’est ce qu’on retient.
Les PULIM n’ont pas classé
l’ouvrage dans leur collection « Histoire », mais « Patrimoine
».
Christophe Moreigne
Tag - René Viviani
samedi 26 juillet 2014
Jean-Marc Valentin, René Viviani 1863-1925. Un orateur, du silence à l'oubli, Presses Universitaires de Limoges, Limoges, 2014.
Par AG le samedi 26 juillet 2014, 10:03 - Nous avons lu