Walter Bruyère-Ostells, Leipzig 16-19 octobre 1813, Paris, Éditions Tallandier, 2013, 206 p.

La bataille de Leipzig fut le plus grand affrontement jusqu'à la Première Guerre mondiale. Cette bataille est passée à la postérité sous le nom de « batailles des Nations », traduction plus ou moins exacte de Die Völkerschlacht.
La ville de Leipzig, et l'Allemagne, organiseront au mois d'octobre 2013 de nombreuses manifestations pour commémorer cet événement, et en particulier l'érection du monument inauguré par l'empereur Guillaume II, le 18 octobre 1913, monument d'une hauteur de 91 mètres.
Voir le site :
http://www.voelkerschlacht-jubilaeum.de/fr/home.html
En effet, cette bataille des Nations fut déterminante dans l'histoire de l'Europe, non seulement elle mit fin aux derniers espoirs de Napoléon de dominer l'Europe et d'ordonnancer les multiples États germaniques, mais elle fit naître également en Allemagne un sentiment de haine viscérale à l'égard de la France qui devenait l'ennemi héréditaire.
Par trop souvent, cette diabolisation de la France reste incompréhensible pour les Français qui oublient les années d'occupation d'une grande partie du territoire de l'Allemagne par les troupes de l'Empereur, sans remonter à la Guerre de Trente Ans et à Louis XIV, disons que le contentieux était lourd entre les deux pays.
L'intérêt de ce livre est d'abord de décrire méthodiquement et scrupuleusement ce que fut la réalité de cette terrible bataille qui mit hors de combat plus de 100.000 hommes, ensuite de démontrer ce qui relève de la construction du mythe dans l'imaginaire de l'histoire nationale allemande.
« Le discours de la régénération allemande dans le combat anti-français, d'une dimension quasi-mystique à éradiquer l'empreinte de la France révolutionnaire et impériale n'a sans doute pas dépassé le cercle des milieux universitaires et intellectuels allemands. » (page 144.)
« Du côté allemand, la bataille devient la victoire matricielle de la construction nationale. Entre 1981 et 1864, des stèles sont apposées sur les différents théâtres de combat et font de Leipzig un lieu de mémoire. En réalité, la situation dans l'espace germanique en 1813 est complexe et répond à d'autres logiques que le seul patriotisme allemand : en cela, Leipzig n'est pas la bataille des Nations. » (page 176.)
Un an après l'inauguration du colossal monument (18 octobre 1913), la France et l'Allemagne s'affrontaient de nouveau. La propagande joua un rôle essentiel durant cette guerre totale, et du côté allemand les références à la bataille des Nations de 1813 furent constantes.
Nous avons célébré cette année le 50e anniversaire du Traité de l'Élysée, marquant la réconciliation de la France et de l'Allemagne, l'un n'étant plus l'ennemi héréditaire de l'autre et vice-versa, mais toute personne soucieuse de comprendre pourquoi ces deux grands peuples se vouaient une haine inexpugnable aura intérêt à se plonger dans l'histoire de la bataille des Nations.
Bataille des Nations 1813